En 1969, le Président Pompidou décide d’affecter le plateau Beaubourg à la construction d’un centre culturel pluridisciplinaire d’un type entièrement nouveau , nouvelle impulsion donnée à plusieurs projets qui ont jusque là échoué : Le projet de construire à Paris une grande bibliothèque de lecture publique accessible au plus grand nombre envisagé depuis la Libération. Ou par ailleurs, la réhabilitation du musée national d’art moderne, installé dans l’une des ailes du Palais de Tokyo qui était dans un état de quasi-abandon faute de moyens et d’espace.
Outre la création d’une nouvelle bibliothèque et le transfert du musée national d’art moderne, le projet englobait au sein du nouveau Centre les activités du Centre d’art contemporain installé rue Berryer et la petite équipe qui, autour de François Mathey, avait développé au sein du musée des arts décoratifs une politique dynamique d’expositions d’art contemporain.
Vint s’ajouter dès 1970 le projet d’un centre de création musicale organisé selon les vues du compositeur Pierre Boulez, qui avait pris, quelques années auparavant, la décision de quitter la France pour protester contre la situation de la musique contemporaine dans notre pays et à qui la création de l’Ircam donnerait enfin la possibilité de rentrer dans notre pays.
Un grand concours d’idées est lancé, auquel peuvent participer, pour la première fois dans notre pays, les architectes du monde entier. 681 concurrents, originaires de 49 pays différents, présentent un projet.
Le projet de trois architectes associés est retenu par le jury international , présidé par l’architecte-ingénieur Jean Prouvé : deux Italiens, Renzo Piano et Gianfranco Franchini, et un Anglais, Richard Rogers, alors quasi-inconnus. Renzo Piano et Richard Rogers assurèrent seuls la conduite effective du projet et firent ensuite carrière séparément : chacun d’eux obtint le prestigieux Prix Pritzker, la plus haute distinction dans le domaine de l’architecture.
Aujourd’hui considéré comme un des bâtiments emblématiques du XXe siècle et adopté par les Parisiens, le bâtiment de Piano et Rogers, souvent comparé par ses détracteurs à une raffinerie de pétrole, suscite, tout au long des années 1970, une énorme polémique.
La fin des années 70 et les années 80 voient le Centre proposer des expositions qui marquent leur temps : la série des « Paris-… » (« Paris-New York », « Paris-Berlin », « Paris-Moscou », « Paris-Paris »), « Vienne, naissance d’un siècle », « les Immatériaux », « Mémoires du futur », « Cartes et figures de la Terre », « les Magiciens de la Terre »… Sous l’impulsion de ses directeurs, Pontus Hulten, puis Dominique Bozo, la collection du MNAM est considérablement développée et devient l’une des toutes premières au monde dans le domaine de l’art moderne et contemporain.
A la faveur d’une réforme globale de l’organisation du Centre Pompidou créant notamment le Département du développement culturel (Ddc) en réunissant les spectacles vivants, les cinémas et les activités de parole, la fusion du Mnam et du Cci permet la constitution d’une collection d’architecture et de design, devenue en vingt ans l’une des plus remarquables au monde.
Après vingt ans d’activité et après avoir reçu plus de 150 millions de visiteurs , le Centre Pompidou procède à des travaux de rénovation, à l’initiative du Président Jean-Jacques Aillagon. L’Etat alloue les crédits permettant de créer des espaces supplémentaires nécessaires à la présentation des collections et au développement des activités du spectacle vivant. Ainsi, 100 000 m2 de surface sont réaménagés entre octobre 1997 et décembre 1999. Le Centre Pompidou procède à une révision de son organigramme qui lui permet de mieux répondre à ses missions au sein du Mnam-Cci (inventaire, conservation, restauration et enrichissement du fonds) mais également pour les activités liées aux spectacles vivants et à la médiation.
Ainsi, le Centre Pompidou rouvre ses portes au public le 1er janvier 2000 : le succès est de nouveau au rendez-vous, avec une moyenne de 16 000 visiteurs par jour en 2000.
Dès l’an 2000, le Président Jean-Jacques Aillagon lance le projet du Centre Pompidou-Metz, une institution sœur délocalisée du Centre Pompidou qui a été inaugurée le 10 mai 2010. Autonome, construit dans un partenariat étroit avec les collectivités locales messines, mais présidé par le président du Centre Pompidou et entretenant avec lui des liens étroits, il propose une programmation à la rencontre de tous les publics, en bénéficiant du savoir-faire du Centre Pompidou et d’un accès privilégié à la collection du Mnam, la première en Europe dans le domaine de l’art moderne et contemporain.
Voulu par le Président Alain Seban et inauguré le 13 octobre 2011, le Centre Pompidou mobile est le premier musée nomade au monde, conçu pour aller aux devants du public qui ne va jamais au musée. Dans une structure légère, démontable et transportable, imaginée par l’architecte Patrick Bouchain, il présente une sélection d’une quinzaine de chefs d’œuvres de l’art moderne issus de la collection du Centre Pompidou.
Plus de 76 000 œuvres constituent la plus grande collection en Europe d'art moderne et contemporain. Elle couvre les XXe et XXIe siècles à travers les artistes qui ont marqué de leurs œuvres la création foisonnante de ces dernières années.
LE BÂTIMENT
« Sur la Piazza et à l’extérieur du volume utilisable, on a centrifugé tous les équipements du mouvement du public. Sur le côté opposé, on a centrifugé tous les équipements techniques et les canalisations. Ainsi chaque étage est-il complètement libre et utilisable, pour toute forme d’activité culturelle connue ou à trouver. »
Renzo Piano, architecte du Centre Pompidou
L’ARCHITECTURE
Conçu comme un « diagramme spatial évolutif » par ses architectes, Renzo Piano et Richard Rogers, l’architecture du Centre Pompidou présente des caractéristiques techniques qui la rendent unique au monde. Son originalité provient en premier lieu de la souplesse d’utilisation des grands plateaux intérieurs : vastes de 7500 m² chacun, entièrement libres, leur aménagement est aisément modifiable. Grâce à l’utilisation de l’acier (15 000 tonnes) et du verre (11 000 m² de surface vitrée), les constructeurs ont imposé un grand bâtiment précurseur dès les années 70, dans un pays jusqu’alors adepte du béton. Le bâtiment du Centre Pompidou, dans son usage du verre et de l’acier, est aussi l’héritier des grandes architectures de fer de l’âge industriel, depuis le Crystal Palace de Paxton, en même temps que, futuriste à bien des égards, prototype à tous égards, il s’inscrit dans le droit fil des utopies architecturales d’Archigram et de Superstudio, dans les années 60.
LA STRUCTURE DU BÂTIMENT
La charpente métallique est constituée de 14 portiques supportant 13 travées, de 48 m de portée chacun, espacés de 12,80 m. Sur les poteaux, et à chaque niveau, viennent s'articuler des éléments en acier moulé, les "gerberettes", qui mesurent 8 m de long et pèsent 10 tonnes.
Les poutres, d'une longueur de 45 m, s'appuient sur ces "gerberettes" qui transmettent les efforts dans les poteaux et sont équilibrées par des tirants ancrés dans des barrettes. Chaque étage a une hauteur de 7 m entre planchers. La superstructure, en verre et en acier, enveloppe les grands espaces banalisés, conçus comme entièrement modulables et susceptibles de s’adapter à des usages évolutifs.
LE CODE COULEUR
Les couleurs ont été utilisées comme élément d’habillage de la structure, selon un « code » défini par les architectes :
- le bleu pour les circulations d’air (la climatisation) ;
- le jaune pour les circulations électriques ;
- le vert pour la circulation d’eau ;
- le rouge pour la circulation des personnes (escalators, ascenseurs).
C'est à ce "code couleur", comme symbole de la pluridisciplinarité du Centre Pompidou, que fait référence le titre du magazine programme trimestriel.
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